La tête et les Mains, 2021
Part showroom, part workroom and part changing room, the installation is made of:
A monumental toolbox, composed of a rectangular receptacle, divided in three parts, topped by a handle. This is the 3:1 enlargement of a self made model found on a construction site in Winterthur, a model that exists since centuries and which can often be found amongst the apparatus of builders.
A painter's suit provided by the studio of an established London artist to his assistants. (I worked there for a few years as a painting assistant). Attached to a found shelve of formwork wood.
The logo T.T (Temporary Works). Enlarged and painted stamp (red lacquer) of a (invented) company which documents ephemeral objects, structures and DIY tools built on construction sites through technical drawings, enlarged and/or shrunken replicas.
Scraps of wood scraps. Formwork wood recovered from construction sites around Topic and used to make the toolbox. Builders usually make their own vernacular designs out of such formwork wood. Arranged in piles. Weeds frozen in resin and attached to rusted chains seem to grow from them, just as ruderal grasses invest the turn over grounds of construction.
Ruderal grasses recovered from construction sites near Topic. Frozen in organic resin with natural pigments and attached to rusty chains. Growing from scraps of formwork wood (see below)
After the exhibition at TOPIC, the monumental toolbox was taken by the artspace and residency Utopiana and is still being used as a storage unit for garden tools.
The box and logo were also replicated in the exact same dimensions fby ICA-LASALLE Singapore or their exhibition “Tropical Lab”. The artists requested for the box to be made with reclaimed wood from some of the many local construction sites but the museum found it too complicated and got it made out of new wood planks that were then artifically aged to look used. This second monumental toolbox was then taken by the museum’s technicians and is still being used as a storage for their tools.
L’installation scénique La tête et les Mains présentée par Anne-Laure Franchette à TOPIC à Genève, s’agence autour d’une boîte à outil monumentale, composée d’un réceptacle rectangulaire, divisé en trois parties, surmonté d’une anse, en bois. Les boites à outils prennent des formes variées selon les latitudes et les âges, les contextes et usages. Le professionnel comme l’amateur peuvent de nos jours survenir sur votre palier munis de complexes valises dotées de divers départements permettant l’agencement ordonné de clous, vis et pinces aux tailles variées, couleurs et charmes se déployant comme un paon à l’ouverture de la boîte. La boîte exposée à TOPIC n’a pas ces atours. C’est une boîte essentielle, minimale. Ce minimalisme est à la fois une réduction significative de son idée, permettant d’entrevoir ce qui tiendrait du cœur des boîtes à outil, et une évocation directe de leur présence ancestrale sur les chantiers de la transformation du monde : le modèle fait-main utilisé pour la réalisation de cette boîte est un modèle que l’on retrouve un peu partout sur les chantiers de construction, aujourd’hui, en Suisse, parmi le vaste appareil technologique dont disposent les constructeurs. Transposée à l’échelle 3 : 1, la boîte gagne une sculpturalité ambiguë ; objet transitoire comme le chantier lui-même, éphémère moment entre le modèle de l’architecte et le bâtiment qui le recouvrira, sa mobilité et fonctionnalité première sont arrêtées le temps d’en apprécier les qualités. Derrière elle, le signe T.T, pour Travaux Temporaires, renvoie au travail que Franchette poursuit depuis 2018 sur ces espaces de devenir et de disparition que sont les chantiers de construction, étant depuis 2020 artiste en résidence sur un site de Winterthur. L’assemblage de la boîte est ainsi fait à partir de bois de coffrage, provenant de chutes récupérées sur les nombreux chantiers du quartier où se trouve l’espace d’exposition. Accrochée sur un mur, une combinaison de peinture pointe vers les corps des travailleurs, dont les amateurs pourront apprécier la référence au peintre ouvrier du monde de l’art qui se nourrit de l’expérience professionnelle de Franchette, qui travailla un temps comme assistante d’artiste dans un grand studio londonien. Un porte-clefs enfin, émergeant d’une poche, présente une bijouterie rouillée ; des chaines et pendentifs s’échappent de planches au rebut. Il s’agit là de mauvaises herbes, ramassées sur les terrains vagues des chantiers, encastrées dans de la résine qui rehausse et magnifie cette nature transitoire. L’artisan ici encore est rappelé à notre mémoire. Entre économie des savoirs, et savoirs de mains-d’œuvre, La Tête et les Mains expose le métabolisme urbain, saisi dans la circularité qui mène de l’extraction du sol à la pensée de son architecture à venir, conviant les outillages variés qui s’entremêlent dans le façonnement du présent.
Gabriel N. Gee - www.tetigroup.org
Ce projet, développé pendant une résidence de recherche de vingt jours à Genève, est une co-production entre TOPIC, Picto, et Utopiana. Avec le soutien de fplce, Loterie Romande et FCAC, Fonds cantonal d'art contemporain, Genève. Photographies: Sandra Pointet